Parousie

Père Roger-Thomas Calmel, Théologie de l’histoire (Pages 26-27)
« On ose prétendre que la Parousie viendra couronner d’en-haut une « poussée historique » et un effort civilisateur qui n’attendait que cela.
En réalité le glorieux avènement du Seigneur est d’un ordre tout différent de celui des civilisations et de leur progrès, réel ou supposé. De même que l’entrée de chacun des élus dans le Paradis vient couronner, non pas le développement des talents humains, mais une vie au niveau des béatitudes, (qui d’ailleurs s’est accomplie souvent à travers la mise en œuvre des dons naturels), de même l’avènement de Jésus-Christ dans sa gloire viendra couronner les suprêmes luttes et les fidélités suprêmes de son Église militante : fidélité qui s’accomplira du reste au milieu d’une « montée historique » (si l’on peut parler de montée pour une dégénérescence) au milieu d’une anticivilisation inimaginablement perverse et apostate :
Quand le monde sera comme un baraquement
Plein de désuétude et de dévergondage
Quand on n’entendra plus que le sourd craquement
D’un monde qui s’abat comme un échafaudage.
Le motif, le seul motif qui nous soit révélé sur la Parousie est celui de la défense des élus dans un danger sans pareil, afin que les élus soient sauvés, malgré le déchaînement de l’iniquité (Mt XXIV, 22-24). Où avez-vous lu, dans quel verset de l’Écriture ou quel décret conciliaire, que la Parousie s’inscrive dans le prolongement du progrès (présupposé) de la civilisation et de la « montée historique »? Avec vos théories vous enlevez à la Parousie sa réalité irréductible ; vous en faites l’aboutissement inéluctable d’une montée qui procède de ce monde, alors qu’elle est une intervention toute gratuite et toute-puissante du Fils de l’Homme sans continuité avec les énergies, ressources et progrès de ce monde. Elle s’inscrit dans la vie de l’Église dont elle est la consommation. Elle ne s’inscrit pas dans la suite de la vie (ou de la montée) de la cité terrestre comme telle. Et si vous évacuez ainsi la réalité de la Parousie et son mystère c’est parce que vous avez d’abord évacué un autre mystère, celui du Royaume de Dieu, que vous avez résorbé dans le devenir historique et cosmique.
Le gouvernement divin et sa raison définitive, définitivement éclatante, n’est pas moins méconnu que la Parousie. D’aucuns prétendent que Dieu gouverne le monde et le fait durer pour permettre les développements techniques, la fraternisation idyllique des peuples, l’avènement d’une humanité transfigurée. Ainsi le Dieu qui nous a créés, élevés à l’ordre surnaturel, qui a permis le péché, qui a livré son propre Fils, né de la Vierge, pour le rachat de nos fautes, ce Dieu-là qui est l’unique Dieu, n’aurait d’autre idée dans son gouvernement providentiel, que de permettre la mise au point des techniques et des machines, la mise en place de je ne sais quelles organisations sociales ! Pour soutenir cela, il faut penser bassement de Dieu. Pour avancer de pareilles théories sur le gouvernement divin de l’histoire humaine il faut n’avoir pas médité les événements majeurs qui dominent à jamais l’histoire humaine : création, chute et péché originel, incarnation rédemptrice ; il faut ignorer ou avoir rejeté les plus élémentaires notions du catéchisme le plus élémentaire. En réalité Dieu gouverne le monde pour la gloire de son Fils Jésus-Christ, l’accroissement du Corps Mystique qui est la Sainte Eglise, la sanctification des élus. »

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Cardinal Billot – La Parousie (1MO)

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